Billet d’une boursière – Réflexions entourant le 15e anniversaire de la Fondation Baxter & Alma Ricard

Billet d’une boursière – Réflexions entourant le 15e anniversaire de la Fondation Baxter & Alma Ricard

par Renée Guimond-Plourde, Ph.D. (boursière 2000)

De prime abord, je désire féliciter les membres du comité organisationnel des Boursiers Ricard qui donnent la parole aux boursières et boursiers, à l’occasion du 15e anniversaire de la Fondation Baxter Alma Ricard. En optant pour ce choix, vous accordez une tribune accessible pour reconnaître la générosité de Baxter et Alma Ricard, ainsi que le souffle qu’a perpétué feu Paul Desmarais, la famille Desmarais, les membres du conseil d’administration et du comité consultatif ainsi que le loyal directeur général de la Fondation, monsieur Alain Landry. Le souper annuel garde certes la mémoire vivante de ce couple de Sudbury. L’espace que vous mettez à disposition pour ponctuer un quinzième anniversaire confirme, comme les textes anciens, que « la reconnaissance est la mémoire du cœur ». En cela, je désire souligner la pertinence de votre initiative.

Lors d’un souper précédent de la Fondation, nous recevions la visite de l’illustre aventurier, Bernard Voyer. Cet explorateur a complété le Tour du Monde en atteignant le plus haut sommet de chacun des sept continents, a touché le ciel, «le toit du monde», comme il se plait à décrire la cime de l’Everest. Il nous conviait à perpétuer l’œuvre mis en place par les Ricard. Son message de 2006 retentissait comme un appel incontournable: « Il n’y a que deux conduites avec la vie : on la rêve ou on l’accomplit ».

À la première question, comment la bourse a transformé ma vie?

Du rêve à l’accomplissement, voilà la passerelle que m’a accordée la Fondation Baxter Alma Ricard. Grâce à son généreux support financier, j’ai pu poursuivre et compléter mes études tout en continuant de m’occuper de ma petite famille, contribuer hâtivement à la diffusion de mes recherches, entre autres. Or, les retombées dépassent ces dimensions ponctuelles. Au-delà, mes recherches ont pu être directement réinvesties auprès de milliers d’enfants, d’enseignantes et de parents me permettant, après 14 ans de nourrir un attachement profond envers les Canadiens-français vivant en situation linguistique minoritaire. Bref, j’ai depuis endossé le prototype exemplaire du couple Ricard pour devenir, très modestement, une « bâtisseuse de la mosaïque culturelle du Canada ».

De cet angle, entreprendre l’accomplissement d’une destinée nous engage activement à donner la réplique au « huitième jour ». Vous connaissez l’expression « le huitième jour » ? C’est à la romancière, dramaturge et académicienne acadienne, madame Antonine Maillet, membre du comité consultatif de la Fondation, qu’on doit cette formule qui est aussi le titre d’un de ses ouvrages. L’Histoire nous raconte que la création du monde s’est faite en six jours et que le Créateur s’est reposé le septième. N’ayant pas eu le temps de tout faire, le huitième jour, nous convie à mettre la main à la pâte, à boucler l’inachevé. Bref, à devenir des co-créateurs du monde et de nous-mêmes. Un legs digne de plaire au couple Ricard.

Quel a été le plus grand succès grâce à la bourse?

Je choisis d’y répondre en citant une réflexion inspirante du grand astrophysicien Hubert Reeves que j’ai eu la chance de rencontrer en personne. « Il faut s’occuper de son coin de jardin car, qu’on le veuille ou non, chacun devient le co-créateur de l’Univers ». Somme toute, chaque boursière/boursier, dans sa sphère d’activité, petite ou grande, peut devenir un ouvrier du 8e jour! Responsabilité noble quand on a bénéficié de la générosité et de l’inspiration de la Fondation Baxter Alma Ricard.

Concrètement, mon plus grand succès (une série de succès à effet domino : rencontres au Canada et dans la francophonie mondiale, publications diverses, sortie d’un disque compact, entre autres) se vit au jour le jour et ce, depuis l’an 2000. Comme la fourmi qui besogne, animée d’une passion débordante, j’actualise le souhait de madame Maillet « d’achever le monde ».

Par l’entremise de cette tribune de gratitude, nous installons la présence des Ricard parmi nous. À celles et ceux qui sont encore dans le « mode réflexion », je vous offre, en empruntant cette expression de Hubert Reeves, un « sac de guillemets ». Dispose-les pour laisser émerger une réponse aux trois questions choisies par les membres du comité organisationnel: « Comment la bourse a-t-elle transformé vos vies? Si vous n’aviez pas reçu la bourse, où seriez-vous? Quel a été votre plus grand succès grâce à la bourse? » Hâtez-vous d’ajouter votre grain de sel pour édifier, en artisan reconnaissant, le 8e jour! Sous s’impulsion rassurante de madame Antonine Maillet, contemplez que… « les possibles sont infinis »!