Témoignage d’Alain Landry à la mémoire de M. Paul Desmarais

Témoignage d’Alain Landry à la mémoire de M. Paul Desmarais

Nous sommes à la fin du mois d’octobre 1998 et je reçois un appel de Monsieur Desmarais. Je suis, à ce moment-là, depuis 6 mois, directeur général du Comité National d’organisation des Jeux de la Francophonie qui se tiendront à Ottawa-Hull en 2001. Il me parle d’une de ses amies qui possède une petite fortune et à qui il a suggéré de créer un programme de bourses pour les Canadiens francophones.

Il sait que je ne suis pas très heureux avec la préparation des Jeux de la Francophonie et me demande de passer le voir à Montréal, ce que je fis le lendemain. Il me reçoit chaleureusement, en compagnie de son fils, André, de Gérard Veilleux et de Guy Fortin. Il me demande comment je verrais ce programme de bourses et au bout d’une heure de discussion, il me dit : « Tu commences dans deux semaines!» Comme une annonce officielle serait faite le 15 décembre à Sudbury, en compagnie de Madame Ricard, il me fallait faire vite.

Depuis ce jour, il s’est vraiment et authentiquement intéressé à la Fondation et aux récipiendaires de ses bourses. Il avait une sincère amitié pour Madame Ricard et il lui avait promis que ses volontés, en créant ce programme de bourses, seraient respectées.

Plusieurs à l’époque pensaient que Monsieur Desmarais prêtait son nom à une bonne cause, sans plus. C’était mal le connaître car régulièrement et périodiquement, Monsieur Desmarais me téléphonait pour savoir comment se portait la Fondation, où en étaient les récipiendaires de ses bourses dans leur vie professionnelle, etc. C’est d’ailleurs grâce à son intérêt personnel dans la Fondation qu’en 2002 il a institué la rencontre annuelle des boursières et des boursiers Ricard.

Son état de santé ne lui a pas permis d’assister à ces rencontres annuelles au cours des dernières années et il le regrettait. En juin 2012, il me demande de passer le voir à son bureau. Son personnel me prévient qu’il se fatigue vite et que je ne devrais pas compter sur une rencontre de plus de 15 à 20 minutes. Il m’a gardé exactement 1 heure et 20 minutes! Nous avons parlé de la Fondation, bien sûr, car depuis 13 ans, les premiers récipiendaires exercent leur profession, mais nous avons aussi parlé de tout sur la scène canadienne : des « carrés rouges », de la scène politique québécoise et fédérale, des articles dans les journaux qui parlaient des visiteurs à Sagar, etc.

J’ai eu l’impression que cette rencontre était voulue car il souhaitait parler de la Fondation une dernière fois. Je considère cette rencontre comme un honneur et un privilège qu’il m’a accordés.

La disparition de Monsieur Desmarais est une perte immense pour le Canada, pour la francophonie canadienne et pour la philanthropie canadienne.

Nous lui devons toutes et tous une très grande reconnaissance.

Alain Landry